Cela fait un bail depuis qu’une neige sabbatique congèle la carrière artistique de Steeve Valcourt. Chanteur, compositeur, réalisateur et producteur musical, le fils du troubadour Boulo Valcourt ne cesse de faire le coq-à-l’âne dans le show-biz haïtien. Après la dislocation de son groupe Vod’K, l’artiste a récidivé en solo avant sa disparition sur la scène musicale. Plus motivé et mieux préparer, Steeve refait surface avec une production de vidéo, un test pressing muni d’une vidéo et un album en préparation baptisé « Révolution ».
Steeve, évoques nous les motifs de ton silence ?
Je salue Ticket et ses fidèles lecteurs. Après le départ du manager de notre groupe Vod’K, nous étions contraint de suspendre avec les activités du groupe. Ne voulant rester incognito, j’ai laissé le pays pour entreprendre des études en vidéographie. C’était en 2008 à New York, plus précisément à Long Island University. A présent j’ai mon diplôme et je suis revenu sur ma terre natale pour offrir mes services dans le domaine de la vidéographie. Le public peut témoigner qu’il y a pas mal de vidéos qui passent sur le petit écran avec la signature du staff que je dirige, Valcourt Production.
La mode de vie des sinistrés dans les camps m’a appris bien des choses. Avec Jonas Atis, j’ai mis sur pieds une ambiance qui consistait à jouer de la musique dans divers camps. Cela aidait à mieux se détendre et à chasser le stress post-traumatique qu’a engendré le séisme. Est-ce pour cela que Jonas Atis et moi avions réalisé une musique intitulée « Nwèl lari a ». Beaucoup de scène ont été tournées dans les rues.
L’année dernière j’ai sorti la vidéo du morceau « Nou pap lage ». C’était ma façon de prodiguer des conseils à toute la nation haïtienne.
Des études en vidéographie oui, et ta carrière musicale ?
En ce qui à trait à mes projets artistiques, je travail sur mon album solo « Révolution ». Le disque est fin prêt mais je suis en quête d’un bon producteur et d’un manager. Ce ne sera pas une mince affaire parce que la situation actuelle du pays laisse entendre que les investisseurs culturels ont désisté. Après la dislocation de mon groupe Vod’K, j’ai opté de faire cavalier seul dans la musique. Je trouve que c’est plus facile à gérer. Pour capter l’attention du public, je ferai feu de tout bois. J’ai un test pressing et une vidéo en rotation. Je compte sortir un autre test pressing. C’est vraiment important. J’avais dit qu’une fois de retour je me livrerai à fond à la musique alors, je suis là. Et maintenant, c’est du sérieux.
Qu’est ce qui constitue les bases de relance de ta carrière ?
Je suis optimiste et formel. Compte tenu de la réalité quotidienne, je m’engage davantage dans la promotion de Valcourt Production qui produit des clips. Cela n’insinue pas que je néglige ma carrière solo pour autant. J’ai déjà un nom qui long dans l’industrie musicale haïtienne. Bien que je ne sois pas au même niveau que mon père mais je compte énormément sur mon potentiel et mon talent de musicien. Je connais notre industrie musicale et j’ai ce qu’il faut pour atteindre le top. Il suffit que je m’adonne entièrement à ma passion. Je ne suis ni docteur, ni ingénieur ou autre, mais je suis un artiste qui consacre son talent au service de la population. C’est mon crédo.
Parle-nous de cet album !
Jusqu’à date, son titre reste « Révolution ». Sur ce disque, les mélomanes retrouveront une variété de styles musicaux tels : Hip-Hop, Raggea, Zouk, Dance hall, compas et autres. Treize musiques sont déjà prêtes mais j’aimerais bien en ajouter quelques une. Une révolution psychologique a tout changé en moi et j’espère que ce sera idem pour tous ceux et toutes celles qui écouteront ma « Révolution ». Le pays a besoin que nous le gardons propre, que nous ayons une autre manière de concevoir la vie et que nous travaillons pour de meilleurs lendemains. C’est de cette « Révolution » que je parle. La sécheresse, la promiscuité dans laquelle nous vivons, les politiciens et la politique de ce pays, les ONG’s, notre mendicité envers l’international et j’en passe, m’énervent. Je me sens révolté de tout cela et j’aimerais que mes frères de race soient révoltés afin de parvenir à une « Révolution », à un important changement pour le bien de notre Haïti.
Parfois je me sers de l’humour pour faire passer le message. Cela marchera mieux que les autres manières de véhiculer un message parce que les gens aiment l’humour et la bonne plaisanterie, me dis-je. Ma composition intitulée « Antre nan wonn nan» va sur cette ligne. Quotidiennement, je côtois des gens et notre vécu engendre de nouvelles idées dans ma boite crânienne. « Nou pap lage » est le test pressing mais c’est le clip du morceau « antre nan wonn nan » qui sortira sous peu.
Un message?
Avant de conclure, je veux confier que je n’ai pas encore trouvé de producteur pour mon album. Je profite de cet entretien pour informer que je suis disponible aux numéros suivant : (509) 34 35 73 92 et (509) 37 71 41 01. Si quelqu’un serait intéressé par mon album, qu’il n’hésite pas à me contacter. Idem pour les sponsors puisque ceux dont j’ai fait part de l’idée de ma « Révolution » ne m’ont pas donné signe de vie. J’aimerais que mon album soit écouté par tous, qu’il apporte les conseils et le message idéal pour faire bouger les choses.
Personnellement, je clarifie que mon absence n’était pas ma retraite. Il le fallait. Je suis de retour et je ne délaisserai plus mon public.
On peut s’enrichir en empruntant les couloirs que la culture nous offre alors, ne négligeons pas ces atouts, non plus nos jeunes talents. J’aimerais que la nation haïtienne continue de faire preuve de courage. On a vécu le pire alors et ce n’est pas le moment de baisser les bras.
Propos recueillis par Wendy Simon