Un album de plus pour ses 27 ans de carrière

Ralph Condé, vous connaissez sûrement ! Le guitariste a fait ses débuts avec la formation Tabou Combo et roule maintenant sa bosse dans la bande à Arly Larrivière, Nu-Look. Père d'un enfant, le musicien en question est à deux doigts de terminer son nouvel album solo, album avec lequel Ralph compte ouvrir les portes du marché musical haïtien à d'autres styles musicaux. Des préoccupations et des projets qui vous sont davantage détaillés dans les réponses aux questions posées à Ralph.


Ralph, que fais-tu à présent?
Je salue Ticket. Je profite également de ce moment pour féliciter le magazine vu que c'est l'unique revue qui se consacre exclusivement à la promotion de la culture haïtienne. Pour revenir à la question, à présent je ne cesse de travailler. Je ne fais plus partie de Tabou Combo mais comme vous le savez, j'offre mes services à la formation Nu-Look. J'ai également un studio d'enregistrement à Miami où je passe la majeure partie de mon temps Ma rareté sur la scène est un moyen de renforcer mon potentiel de producteur musical. Certains l'ignoraient mais je suis également arrangeur musical et ingénieur de son. La porte de mon studio est ouverte à tous, spécialement aux jeunes qui ont besoin de mes services. J'aime travailler avec les nouveaux talents. Comme il n'est pas facile de concilier ma profession avec ma famille alors j'essaie de consacrer plus de temps à l'avenir de mon fils et à ma carrière solo.

De Tabou à Nu-Look, où te sens-tu le plus à ton aise ?

J'aime cette question (Rires). Ce n'est pas une question de groupe, l'important est de garder mon originalité. La mer qui différencie Tabou Combo de Nu-Look est immense. Cela m'exige de redoubler d'effort. Fort heureusement je suis un guitariste très versatile qui joue tous les styles musicaux. Nu-Look joue un style qui se diffère de celui que joue Tabou mais le tout, est au niveau de la guitare. Mon succès vient de ma touche d'originalité. Je bosse dur pour cela et je n'arrête pas de me battre, musicalement, avec moi-même et avec les autres guitaristes pour garder cette caractéristique qu'est mon originalité. Peu importe la musical qu'une personne écoute, il suffit que je mette une touche de ma guitare dessus pour que tout le monde sache que c'est moi. Si vous ne pouvez identifier un artiste par son originalité, cela ne vaut pas la peine que cet artiste continue avec sa carrière. Parfois, certains artistes deviennent monotones mais la monotonie artistique est une forme d'originalité. Ce n'est pas un mal, mais l'artiste doit gérer sa monotonie de façon à ce qu'il charme les gens, à leur montrer les diverses facettes de sa monotonie à toutes ses prestations. Dans le cas contraire, le public s'en lassera de lui et le dégoutera. Je me sens à mon aise dans les deux groupes. J'ai ma guitare et je garde mon originalité de toujours que se soit avec Tabou, Nu-Look ou n'importe quel autre groupe.

Côté privé, comment vit Ralph Condé ?

Je ne suis pas marié, mais j'ai un fils de 10 ans. Je suis célibataire et je vis seul. Contrairement à d'autres personnes, mon fils est sous ma responsabilité. Il est la raison qui me pousse à ne pas m'arrêter. Je fais tout pour lui et il héritera de tout ce que j'ai fait. Les distinctions et les gloires que quelqu'un reçoit, sont bonnes également pour sa progéniture.
Gloire soit rendue à Dieu, je ne peux me plaindre de ma situation. Je ne peux me vanter d'être un millionnaire par contre mes 27 années de carrière musicale m'ont permis d'amasser assez d'argent pour vivre comme je le dois. J'habite maintenant à Miami, j'ai ma maison, ma voiture et mon studio. Je suis un musicien professionnel qui ne vit que de la musique depuis 27 ans. Cela ne veut pas dire que je n'ai pas été à l'école puisque je suis un ingénieur en informatique. Je l'ai appris mais je n'ai jamais pu travailler dans cette discipline. Je n'ai aucun regret de l'avoir appris car il m'aide beaucoup. Le monde bouge et avec les inventions et la technologie qui avance à pas de géant, sans la maitrise de l'informatique vous serez comparable à un analphabète.  

Parle-nous un peu de ton dernier opus ! 

Bon, je n'ai pas encore de titre mais sept des dix musiques que comportera l'album sont déjà enregistrées. On y retrouvera une diversité de styles tels racine, jazz, blues, reggae. RC Production (Ralph Condé Production) produira ce laser. Je n'aspire plus au compas car j'ai atteint un autre niveau. Il ne faut pas être borné par le compas. Le monde ne veut pas entendre que notre rythme roi. Parfois, certains ont envie de se rendre dans un club pour écouter quelque chose de différent. Est-ce pour cela que j'accoucherai un projet pour ouvrir la porte à d'autres styles. Cela fait plus de cinq longues années que je travail sur ce projet mais durant cette année, si Dieu me prête vie, je souhaite parvenir à sa matérialisation.

A quand sa sortie ?
Honnêtement, si le temps ne me fait pas défaut et s'il n'y a pas d'impondérable, l'album devait être disponible sur le marché au mois d'Avril, plus précisément pour Pâques. Dans le cas contraire, les fans doivent patienter jusqu'aux grandes vacances d'été. J'ai invité des artistes comme Yves Abel pour la guitare basse, Sergot Decilus et Alix Nozil qui jouent au tambour, un batteur américain. J'envisage d'inviter des artistes étrangers sur ce disque pour mieux toucher le marché international. Pour l'instant je n'ai pas encore trouvé de production pour la promotion de cet album. Et cela ne va pas me pousser vers n'importe qui. Je préfère travailler dessus en cherchant le producteur qu'il faut.

Comment vois-tu le marché musical haïtien ?
La musique haïtienne ne rapporte pas de millions, non seulement notre petit marché est informel mais on ne respecte pas les droits d'auteur, le public n'a pas de pouvoir d'achat. Le piratage, les bootlegs et beaucoup d'autres facteurs ruinent notre marché. J'ai presque 28 ans de carrière dans l'industrie musicale haïtienne. Durant toutes ces années, le public a pris goût à mon travail et peut témoigner de mon talent de guitariste très versatile. J'ai subi l'influence du Jazz, du Blues, du Rock, du world beat music. Même quand je jouais le compas mais j'accordais une attention soutenue à toutes les autres styles musicaux. Si le marché haïtien pouvait liquider environs 80.000 albums, les yeux du public étranger seraient déjà fixés sur nous. Le cross-over se ferait plus facilement. En plus, Il ne faut pas regarder et compter seulement sur les figures emblématiques de notre industrie. Il y a une armada de jeunes qui sont de bons artistes mais qui n'ont jamais eu la chance de faire valoir leur talent. Il leur faut de l'encadrement sinon, leur talent ne leur servira à rien. Souvent on les ignore, c'est là notre problème. Je prends plus de plaisir à travailler avec les jeunes artistes méconnus que ceux qui ont déjà bâti leur popularité. Donner un élan aux novices est mieux que de renforcer la popularité des autres artistes déjà connus.

Quel est ton message ?
La politique a pris trop de place dans le pays. Il faut accorder la priorité à d'autres choses qui sont plus importantes. Nos jeunes ont besoin d'encadrement, alors ne les laissons pas tomber. Cessons d'englober la médiocrité. Remercions le ciel qui nous a permis de voir une nouvelle année. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres qui sont morts alors, ne prenons pas cet atout à la légère. Evitons de seulement ''dire '' l'union fait la force, il est grand temps de passer à l'action. La division et la convergence politique ne nous mèneront nulle part. Aux jeunes guitaristes, écoutez les autres styles musicaux. Vous pouvez apprendre d'un guitariste étranger, ajouter ce savoir au rythme du terroir pour apporter quelque chose de nouveau. Ainsi, vous deviendrez des génies sans que vous ne le sachiez.
Wendy Simon